être libre

 

La sophrologie

l’étude la conscience individuelle

par Olivier Desurmont


Imprégnée de pratiques ancestrales (yoga, bouddhisme tibétain, zen japonais...) ou encore du «training autogène», la sophrologie s'épanouit depuis plus de 50 ans. Plurielle, elle fait partie des méthodes psychocorporelles et énergétiques qui apportent une réponse pertinente aux souffrances contemporaines.


Genèse

À la fin des années ‘50, Alfonso Caycedo sort de l’université de Madrid. Docteur en médecine et chirurgie, spécialiste en neurologie et psychiatre, il est profondément marqué par les méthodes de traitement brutales (électrochocs, comas insuliniques, etc…) parfois employées sans qu'en soient mesurées toutes les conséquences. C’est ce vécu qui le décide à se consacrer à l’étude de la conscience et à la recherche d’autres formes de thérapie en psychiatrie.

Il se rend d’abord en Suisse pour rencontrer le psychiatre Wolfgang Binswanger, référence en matière de phénoménologie (courant philosophique qui se concentre sur l'étude des phénomènes, de l’expérience vécue et des contenus de conscience). C’est sous son impulsion que Caycedo se rend alors en Orient, en commençant par l’Inde, pour y découvrir les différentes méthodes pratiquées. Ses observations lui permettent d’accéder à cette conclusion : toutes ces pratiques ont en commun «la recherche de la maîtrise du corps par l’esprit». Inspiré par ses formidables découvertes, il retourne en Occident et crée sa propre méthode de relaxation dynamique occidentalisée et dépouillée de tout mysticisme. Il la baptise «sophrologie», du grec ancien sôs, «bien portant», phrến, «conscience» et logía, «étude».

En 1960, il fonde l’École de Sophrologie et donne à sa méthode la définition suivante : «La sophrologie est une science, ou mieux, une École scientifique qui étudie la conscience, ses modifications et les moyens physiques, chimiques ou psychologiques pouvant la modifier, dans un but thérapeutique, prophylactique ou pédagogique, en médecine».

La sophrologie étudie, en effet, la modification des états de conscience, la modification des niveaux de vigilance et les moyens de produire ces modifications. Elle utilise pour cela des techniques sophroniques passives ou actives ; des méthodes de relaxation traditionnelle, comme le «training autogène» de Schultz, sont également utilisées.

L’individu peut ainsi se prendre en charge dans sa totalité psychosomatique, par un vécu direct de sa propre conscience, en accédant à la maîtrise permettant d’en modifier le contenu et les différents états.

Principes & objectifs

Le sophrologue se base sur trois principes essentiels : le schéma corporel en tant que réalité vécue, l’action positive et la réalité objective. Le sophrologue propose d’apprendre à modifier l’état de conscience de façon positive pour développer le potentiel dont chacun dispose. La meilleure conscience de soi et du corps amenée par la sophrologie apporte une meilleure maîtrise des émotions et des comportements. L’adaptation au monde est donc favorisée par la pleine exploitation des ressources. 

Selon le Professeur Alfonso Caycedo, le but de la sophrologie est d’étudier la conscience humaine : son objectif est d’arriver à trouver un équilibre «corps – esprit». Elle a pour ambition de rétablir l’équilibre entre les émotions, les pensées et les comportements de tout individu en lui donnant les moyens de prendre conscience de lui-même, de trouver un remède adéquat et de comprendre les maux psychosomatiques dont il souffre. Ce n’est, en effet, que de cette façon que celui-ci pourra porter un regard objectif et positif sur son existence et, par conséquent, lui donner un sens.

A partir de l’exploitation du potentiel inné qui existe en tout être humain, l’idée est d’aider les patients à mettre en valeur leurs capacités personnelles afin qu’ils retrouvent confiance en eux et portent un regard plus positif sur eux-mêmes et leur vie.


Outils & champs d’applications

Concrètement, lors d’une séance, le sophrologue propose des exercices de respiration ou de ressenti du corps afin de relâcher les tensions. Après cette première phase de détente, se déroule la partie de modification positive de l’état de conscience grâce à une phase de visualisation.

Très largement inspirés des techniques issues du yoga et de la méditation, les outils utilisés en sophrologie sont particulièrement bien adaptés à notre mode de vie occidental. Ils comprennent des exercices corporels (une corporalité vécue au présent) et respiratoires, des «futurisations», des exercices pour se relier à l’énergie des émotions positives, de la double concentration (perceptions intérieures et extérieures), des techniques de «Relaxation Dynamique» et de «training autogène», des exercices de connexion à des événements et mémoires agréables de notre passé, etc…

L’approche connaît essentiellement deux modes de pratique : en séance de groupe et en séance individuelle.

Parmi ses champs d’applications les plus fréquents, la sophrologie aide à gérer le stress, se préparer à l'accouchement, surmonter l'échec scolaire, retrouver le sommeil, aider les sportifs à se préparer mentalement, aider les artistes à s'exprimer avec justesse et authenticité.


Différentes approches

Il existe aujourd'hui différents courants en sophrologie. Un mouvement multiple s’est ainsi constitué au fil du temps (écoles, instituts de formations, cabinets de sophrologues…) au vocable proche, mais aux pratiques plus ou moins éloignées des fondements énoncés par Caycedo. Le concept a été récupéré dans les domaines de la formation, du coaching, du marketing et du bien-être, et plusieurs formes de sophrologie contournent souvent plus les principes de Caycedo qu’elles ne les intègrent…

Certains mouvements ou écoles incluent donc le terme «caycedien» dans leur nom pour afficher leur allégeance à la théorie fondamentale. Mieux vaut donc faire un peu de recherche pour trouver l’institution qui correspond à ses besoins.


Citons les écoles et associations principales en Belgique (références en fin d’article) :

- l’Ecole Belge de Sophrologie Fondamentale et de Relaxation - E.B.S.F.R.

- l’Association Européenne de Sophrologie®

- l’Académie de Sophrologie Caycédienne ® de Belgique et du Luxembourg – ASCBL

- l’Ecole de Sophrologie Caycédienne du Hainaut - ESOCAY®

- l’Ecole de Sophrologie Caycédienne® de Liège


A noter : en 1989, le professeur Caycedo voulant se réapproprier sa création et la protocoliser, a déposé le nom de «Sophrologie Caycédienne®» qui est depuis devenue une marque déposée.


Références : L’aventure de la sophrologie racontée par son fondateur, Alfonso Caycedo, Ed. Retz • La sophrologie facile – 30 exercices simples, relaxants et dynamisants, Dr Yves Davrou, Marabout, article de Jean-Louis Craenhals et sur siep.be, ecole-sophro


article publié dans le mensuel AGENDA Plus n°270 de septembre 2015

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